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Blé Raisonner le premier apport d’azote au cas par cas

Une fertilisation trop précoce pourrait maintenir en place des talles qui ne contribueront pas au rendement. (©Terre-net Média)

Après cet automne exceptionnellement doux, quelle conduite tenir quant au premier apport d’azote sur blé ? Arvalis-Institut du végétal donne ses préconisations.

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Une fertilisation trop précoce pourrait maintenir en place des talles qui ne contribueront pas au rendement. (©Terre-net Média)

Les conditions météo exceptionnellement douces de cet automne et l’absence de véritable trêve hivernale ont favorisé le tallage des céréales, qui est déjà abondant. Arvalis-Institut du végétal a donné ses préconisations, région par région, sur la conduite à tenir quant au 1er apport d’azote traditionnellement annoncé par le mois de février.

A l’Est, ne pas se précipiter

A l’Est, les blés en plein tallage comptent déjà 4 à 5 talles. Pour autant, il faut rappeler que seules les talles primaires de plus de trois feuilles au stade épi 1cm sont susceptibles de monter à épis. Les talles secondaires, voire tertiaires sont naturellement vouées à régresser. La plateforme de suivi physiologique Craie et Barrois, en Champagne-Ardenne, a observé qu’en moyenne, entre 2005 et 2015, 50 % des tiges avec plus de trois feuilles en sortie d’hiver ne montent pas à épis. En Lorraine, la station de Saint-Hilaire-en-Woëvre a comparé le nombre d’épis présents par m2 potentiel à épi 1 cm avec le nombre d’épis réels comptés à l’épiaison entre 2005 et 2015. Résultat : l’optimum de peuplement épis ne dépasse pas 700 à 800 épis/m2, même si le nombre d’épis potentiel à épi 1 cm est très important.

Nombre d’épis par m2 réels à l’épiaison au regard du nombre d’épis par m2 potentiels à épi 1 cm sur blé tendre comptés entre 2000 et 2015 à la station de Saint-Hilaire en Woëvre (55). (©Arvalis)

Dans ces régions, Arvails-Institut du végétal conseille d’attendre pour entamer le premier apport d’azote. De fait, un apport d’engrais réalisé début février aurait pour conséquence le maintien de talles qui ne contribuent pas au rendement mais consomment de l’eau et de l’azote au détriment des talles primaires. Cet azote, qui ne pourra pas être mis à disposition de la plante lorsqu’elle en a le plus besoin, au stade de montaison, peut favoriser le risque de verse et les maladies aussi bien foliaires que du pied et sensibiliser les cultures aux accidents climatiques. Mieux vaut donc laisser la nature réduire le nombre de tiges par une saine concurrence en éliminant les plus faibles. L’institut préconise de ne pas fertiliser avant mi-février en ne dépassant pas les 40 U/ha et rappelle que la montaison reste le stade repère pour alimenter les blés en azote.

A l’Ouest, ajuster la conduite selon le stade

Dans l’Ouest et le Sud, les conditions climatiques douces de l’automne sont plus remarquables encore. En Haute-Normandie, les cumuls de températures montrent une augmentation moyenne de 2°C par jour depuis le 15 octobre par rapport à la médiane des 15 dernières années. Ces conditions sont très favorables à la minéralisation des matières organiques, humus ou résidus de culture.  

Offre climatique sur blé tendre d’hiver à la station d’Yvetot (76) depuis le 15 octobre 2015.

Conséquence : les céréales à paille sont déjà en fin de tallage ou en début de montaison avec une biomasse importante, certaines variétés ayant même franchi le stade épi 1 cm en sols profonds. Par endroit, le fort développement de la biomasse a entraîné un jaunissement précoce, qui traduit une fourniture en azote du sol insuffisante. Cette carence temporaire agit cependant comme un phénomène de régulation naturelle du futur nombre d’épis utiles pour contribuer au rendement.  

Face à cette situation, il est conseillé d’ajuster le premier apport selon le stade des cultures. Pour les blés en fin de tallage, l’institut recommande de ne pas faire d’apport avant le stade épi 1 cm. Pour les blés déjà au stade épi 1 cm, il est préférable de ne pas trop pousser les parcelles tant que la période de risque de froid n’est pas passée. Ces blés mettront d’ailleurs sûrement du temps à atteindre le stade suivant car la période de jours courts n’est pas terminée. L’institut conseille alors de fractionner l’apport épi 1 cm en commençant par 40 U/ha lorsque les sols seront ressuyés, puis de réaliser un complément un peu avant le stade un nœud.

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